Marilou Haber
Née en 1997 à Auxerre, actuellement en Master 2 à l’Ecole Supérieure d’Art Annecy Alpes.
Ensemble, mes sculptures s’agencent comme des meubles. Elles créent un espace domestique twisté. Un décor endormi. Un tableau figé. Une sorte de scène étrange en attente d’acteurs invités qui viendraient les actionner. Elles sont dotées d’une fonction, et s’installent dans l’interligne entre l’inutilité de la sculpture et la fonctionnalité de l’objet designé. C’est dans ce doute qu’elles prennent vie.
Elles s’inspirent du quotidien, et naissent à travers l’idée de présenter une autre sculpture, un objet, ou encore une situation. Elles prennent une forme de socle, de présentoir, qui va venir raconter la situation de ces objets.
Lorsqu’elles se réunissent, elles racontent l’histoire d’un lieu emprunté du quotidien, d’une vérité déguisée ou extrapolée, fictive et absurde. Parfois l’inframince est dissimulé sous un amas de couleurs criardes. Il y a toujours des moments de retournements dans la perception de mes pièces, qui sont de l’ordre du piège ou de la fausse piste. J’attends les curieux. Je leur livre des indices de profondeur dans la lecture des objets. Parfois dans les titres, et parfois si on s’approche un peu plus.
Tout est teinté d’une humeur un peu naïve et très féminine avec laquelle j’aime bien jouer. Les idées proviendraient d’une figure de l’artiste un peu désœuvrée, et finalement assez romantique. Quelqu’un qui serait dans la flânerie perpétuelle, dans une paresse ambiante, et qui utiliserait ses activités de femme au foyer pour produire de l’art : se peindre les ongles, prendre des bains, cuisiner pour recevoir, faire du shopping, rêvasser, s’arranger en se maquillant, en se parant, décorer son intérieur, prendre le thé…
Il y a une ironie grinçante dans cette apparente naïveté qui nourrit l’absurdité des formes, les disproportions entre les socles et les objets qu’ils présentent. Mes sculptures sont des mariages arrangés.
Ces deux tasses portent le nom de mes grand-mères. Elles sont nées dans l’espoir qu’un jour, Odile et Janine, viennent prendre le thé au milieu de mes sculptures. Elles se seront faîtes belles pour l’occasion, et se retrouveront pour la deuxième fois ensemble, la première fois étant lors du mariage de mes parents. Ces femmes sont une source quotidienne d’inspiration et des réelles matériauthèques. Les tasses sont leurs portraits. Elles aiment qu’on les regardent, et elles aiment entendre et voir de l’art. Je me suis dit que cette exposition était une occasion rêvées pour les vernir! Elles servent ce soir leurs becquetances favorites.
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